La décarbonation est souvent perçue comme une contrainte pour les entreprises. Lourdeur et complexité administratives, investissements élevés, dumping environnemental de pays moins regardants…elle s’apparente pour beaucoup de chefs d’entreprise à un surcoût qui met en péril la compétitivité. Ce d’autant plus que les préoccupations environnementales ne sont pas les mêmes pour tout le monde, que ce soit au niveau international, ou au sein d’un même secteur d’activité.
Pourtant, au-delà de toute problématique éthique ou morale, d’un strict point de vue économique, la décarbonation peut aussi s’avérer un grand vivier d’opportunités avec des bénéfices quantifiables et parfois immédiats ainsi que des co-bénéfices plus difficilement mesurables mais tout aussi avantageux. Tour d’horizon.
La sobriété, source d’économies
La sobriété est passée au premier plan, surtout depuis la guerre entre la Russie et l’Ukraine et la perte corrélative de l’Europe de l’accès au gaz russe. La crainte d’un hiver froid et sans ressources gazières a poussé le gouvernement français à appeler à la sobriété. Diminution de la température de chauffage des bâtiments, suppression de l’eau chaude dans les sanitaires, covoiturage, télétravail,…une liste de mesures a été proposée par le gouvernement dans son Plan sobriété du 6 Octobre 2022 afin de se montrer exemplaire. Résultat, la consommation d’électricité et de gaz a diminué de 12% entre août 2022 et août 2023, après correction des effets météorologiques et climatiques sur la consommation d’énergie. Cet effort de sobriété exceptionnel a pourtant de nombreuses vertus aussi bien d’un point de vue environnemental qu’économique et devrait être pérennisé.
Éclairage, chauffage, eau, surface immobilière, achats de matériels,…le “carbon killer” est aussi du « cost-killer » , en changeant quelques habitudes et en mettant en place des dispositifs très peu onéreux. A titre d’exemple, l’Adème a mené une expérimentation durant l’hiver 2022-2023 sur les impacts du télétravail. En fermant son site une journée par semaine, le vendredi par exemple, ce sont près de 30% d’économies d’énergie et de CO2 réalisées par jour. De la même façon, et toujours selon l’Adème, l’achat de matériel reconditionné, notamment les équipements électroniques, permet de réduire l’empreinte carbone mais aussi l’intensité en ressources de plusieurs dizaines de pour cent selon le matériel.
Des investissements rentables à moyen terme
Les pistes pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre sont donc nombreuses. Toutefois, certaines nécessitent de plus gros investissements, et entrent en compétition avec d’autres dépenses qui doivent être réalisées par l’entreprise. Une analyse coûts-bénéfices, aussi bien du point de vue financier que du point de vue carbone, est donc essentielle pour prioriser les décisions, et ce malgré un contexte de forte incertitude. Une des stratégies peut être de se donner un « coût financier interne » à la tonne de carbone, et de prendre ainsi des décisions en internalisant l’externalité négative carbone sous la forme d’un équivalent économique.
Sans aller jusque-là, un rapport du cabinet McKinsey démontre que de nombreux investissements s’avèrent rentables y compris sur le court-moyen terme. Le graphique en page 13 illustre les différents investissements qui seraient nécessaires pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Les investissements rentables permettraient de compenser globalement les investissements non rentables sur le long terme. En priorisant les investissements rentables, une entreprise pourrait donc obtenir un avantage compétitif tout en minimisant son empreinte carbone.
A titre d’exemple, réduire sa flotte de véhicules à moteur thermique par des véhicules électriques légers peut permettre de réduire l’empreinte carbone de près de 70% (avec le mix énergétique français et sur toute la durée de vie d’un véhicule soit 150 000 kms). Le coût total de possession dépend de plusieurs facteurs, mais de manière générale, la recharge coûte environ 3 fois moins chère qu’un plein d’essence pour un kilométrage équivalent. Les coûts d’entretien et d’assurance sont également inférieurs.
Le renforcement de la marque employeur
L’engagement sociétal d’une entreprise permet également de renforcer sa marque, aussi bien auprès des clients qu’en tant qu’employeur. Les clients sont prêts à faire le choix d’entreprises plus vertueuses. Selon une Enquête d’opinion CCI de Janvier 2024, 49% des Français déclarent accepter des hausses de prix en faveur des entreprises plus engagées. A l’image du Nutriscore, qui a permis aux pays qui l’ont adopté, de sensiblement améliorer la qualité des aliments produits par les agro-industriels; le Planet-score, à l’étude, entend mettre en avant les produits vertueux pour l’environnement.
De nombreux talents sont également à la recherche d’un métier qui a du sens, ou du moins de travailler dans une entreprise qui ne contribue pas négativement à la société et à l’environnement. Le manifeste pour un réveil écologique, rédigé par des élèves des plus grandes écoles d’ingénieurs et de commerce françaises a désormais été signé par 35 000 étudiants dont 5 200 étudiants étrangers.
Prioriser ses actions
En définitive, se lancer dans la décarbonation est un vaste chantier, mais qui regorge d’opportunités économiques favorables ainsi que de co-bénéfices plus difficilement mesurables mais qui pourraient encore davantage se renforcer à mesure que l’opinion publique et la législation poussent vers plus de transparence et d’engagement.
L’essentiel est de prioriser ces actions. La méthode bilan carbone identifie 3 types d’actions : immédiates, prioritaires et stratégiques. D’abord les plus simples à mettre en place, qui s’avèrent également souvent des sources d’économies non négligeables. Puis d’étudier les investissements plus onéreux, par une analyse de coûts-bénéfices prenant en compte le coût carbone. Avant dans une troisième phase d’envisager des changements stratégiques plus lourds de conséquences mais en phase avec les objectifs de l’Accord de Paris.
Dans tous les cas, il faut mesurer ses émissions. Le bilan carbone est l’étape indispensable pour savoir d’où l’on part. Ayami vous propose de gérer votre comptabilité carbone au même endroit que votre comptabilité financière, et surtout de vous offrir une évolution en temps réel de votre bilan via la facture numérique. Pour en savoir plus, c’est par ici.